Vaheana Fernandez (à gauche) et la réalisatrice de “Sensuel “, Virginie Tetoofa, à l’antenne de Rire et chansons

Un clip LGBT. Vaheana Fernandez chante “sensuel”, une chanson particulière et militante. Elle a confié la réalisation du clip à Virginie Tetoofa. Vous pouvez d’ailleurs le découvrir sur Polynésie 1ère qui le diffuse depuis lundi, avant d’aller le voir en ligne, dès le 28 septembre, sur www.netfenua.pf.

“J’avais les textes et la maquette de “Sensuel”dans mes mails”, nous a expliqué hier, la chanteuse, à la sortie de l’antenne de Rire et chansons, accompagnée de sa réalisatrice. “J’étais en train de chercher dans mes mails un courrier de The Voice et j’ai retrouvé cette chanson, écrite par Maimiti Gautheur et Christophe Hantzen, dans ma boîte mail. Je continue à chanter dans des bars mais cela faisait longtemps que je n’avais plus fait de musique. Alors, pourquoi pas redémarrer ma carrière avec cette chanson ?”

Sans producteur aujourd’hui, Vaheana Fernandez se débrouille seule. “C’est difficile, surtout quand on ne sait pas comment faire”, avoue la jeune femme, timide. Après avoir tenté l’aventure The Voice, Vaheana Fernandez s’est choisi un autre objectif, de taille, à savoir l’Eurovision.

“Je me suis inscrite. Ils attendent que je fasse une vidéo avec une nouvelle composition, avant fin novembre. On verra bien si je suis sélectionnée parmi les 16 finalistes pour la France.” “Sensuel” est le 4e clip de Vaheana Fernandez et a été réalisé par Virginie Tetoofa, qui en est à son 5e clip.

“Je trouvais surtout intéressant de faire cette chanson car elle traite de l’homosexualité, je le suis et il est vrai qu’ici en Polynésie, cela reste un sujet hypersensible. Je me sens bien, je n’en ai pas souffert mais mon entourage, oui, même si c’est plus difficile, je trouve, pour les hommes. Certaines se cachent”, reconnait Vaheana.

Parmi les réflexions déplacées qu’elle a pu entendre, on y trouve des “tu es malade”, “faut aller voir un psy”, ou encore “c’est du gâchis”.

“De l’émotion dans ses images”

Et comme pour enfoncer le clou, elle a fait tourner sa compagne dans “Sensuel”, Flore Hani, championne de boxe et de MMA. En effet, Vaheana Fernandez joue le personnage d’une jeune femme de bonne famille, mariée.

Elle a l’air heureuse avec son mari mais en vérité, elle aime une femme en secret, une championne de boxe de son quartier. “Je ne sais pas si le clip fera bouger un peu les choses mais il faut essayer. Mais cela reste l’affaire de tous”, estime la chanteuse. “Je pense que les choses ont quand même un peu changé, depuis une dizaine d’années. Tous les homosexuels se cachaient avant, surtout les femmes, aujourd’hui, c’est un peu plus dans l’air du temps, les jeunes en fait, s’en foutent maintenant”, pense, pour sa part, Virginie Tetoofa.

Elle a été séduite par la voix de Vaheana Fernandez, qu’elle ne connaissait pas, avant de réaliser ce clip, tourné principalement dans la salle de boxe de Vaivatavaa, non loin de nos locaux. “Mais c’est aussi son dernier clip qui m’a décidé” a rajouté la réalisatrice.

“Nous avons une responsabilité auprès des jeunes talents, si on fait un clip pourri, on tue l’artiste dans l’œuf”, considère Virginie Tetoofa, qui aime raconter une histoire. “La plupart du temps ici, on mise tout sur la forme mais pas sur le fond. Cela vient aussi du milieu du clip. Dans l’audiovisuel, c’est celui qui a le moins d’argent, c’est souvent une question de moyens. À nous de relever le niveau, on peut faire des clips aussi biens qu’en France”, avoue la réalisatrice, qui a “clippé” déjà Pepena et Vaiteani. “Pour moi, c’est la meilleure”, avoue Vaheana, à propos de Virginie.

“Tu ressens de l’émotion dans ses images, même sans musique.” Cette dernière ne fait d’ailleurs pas que des clips : elle prépare un court-métrage, ainsi que deux documentaires, l’un sur deux femmes pêcheuses de Tautira (sur Polynésie 1ère), l’autre sur le mariage traditionnel à Rurutu (en avril 2019, sur France O).

Des projets, dans ses cartons. Virginie Tetoofa vient de terminer l’écriture de son premier long-métrage, issu de son premier court-métrage “Arioi”, sélectionné dans une quinzaine de festivals. En tout cas, les deux femmes ont réussi l’exploit d’allier sensualité et force, tant en texte qu’en images.

Christophe Cozette