la légende de mamao

Dans la ville de Papeete, à quelques minutes du centre, au quartier de Mamao, il y avait un grand terrain qui bordait la route. Entouré sur trois côtés par une végétation luxuriante, son centre était marqué par un amoncellement de pierres, que l’on disait être les restes d’un marae (ancien autel de sacrifices).
Un Européen, fraîchement débarqué, heureux de trouver un si beau terrain, s’empressa de l’acheter afin d’y construire sa maison.
un soir, les plus âgés du quartier vinrent le trouver :

- Ne construis pas ta maison sur ce terrain, car ce lieu est sacré. Sur ce marae ont eu lieu de nombreux sacrifices humains et les dieux, par la voix des prêtres, ont proclamé ce lieu tabou. Nous sommes tous de bons chrétiens et cependant, n’as-tu pas remarqué que jamais nous ne traversons ce terrain, choisissant de faire un grand détour plutôt que de braver les dieux ? Ne construis pas ta maison là.
Naturellement, l’acheteur européen ne voulut pas les croire et toutes leurs mises en garde furent inutiles. Ils partirent graves et soucieux.
Dédaigneux, l’Européen prit l’habitude de se promener sur le marae la nuit. Avec beaucoup de promesses, il acheta les services de deux indigènes d’un quartier éloigné afin de surveiller la maison en son absence.
Mais on disait, à Mamao, que les soirs de lune, une belle Tahitienne venait s’asseoir sur les pierres du marae. Sa robe de tapa blanc brillait dans l’ombre et elle ne chantait que des chants anciens.
Les hommes sages hochèrent la tête quand ils surent que l’esprit hantait à nouveau les ruines.
A nouveau ils prévinrent l’Européen.
A nouveau ils furent éconduits.
Et un matin, on trouva l’un des gardiens mystérieusement assassiné.
Peu de temps après, l’Européen fut rappelé en Europe et avant de partir, il dit qu’il reviendrait bientôt. Les hommes sages hochèrent la tête avec doute.
Quand l’Européen débarqua en Europe, il fut tué dans un accident le jour même de son arrivée. Une veuve loua la maison du terrain tabou. Une nuit de pleine lune, elle se suicida.
Un frère de l’Européen vint habiter la maison. Au bout de trois jours, il quitta précipitamment l’île par avion, sans vouloir rien dire à personne.
Un grand acteur de Hollywood racontait qu’il ne croyait ni aux esprits ni aux tupapau (fantôme). Pourtant, il ne put passer qu’une nuit dans la maison.
Un Lord anglais jura de ne jamais remettre les pieds sur un terrain tabou reconnaissant avoir vu les tapapau du marae.
La maison resta vide ; fuyant l’interdit des anciens, plus personne ne voulut y habiter.
Et un jour, un incendie éclata mystérieusement dans la maison toujours vide. Les flammes furent si hautes, le feu si violent, qu’il n’en resta plus rien, ni murs, ni poutres, ni fondations ; rien qu’un amas de poussière fine que le vent éparpilla.
Les hommes sage hochèrent la tête avec soulagement.
Dans le quartier de Mamao, à quelques minutes du centre de Papeete, s’étend un grand terrain en bordure de la route. De nombreuses maisons s’élèvent tout autour.
Mais sur le terrain, il n’y a qu’un amoncellement de pierre, qu’on dit être les restes d’un marae.

Illustration : Peinture à l'huile (30X40 cm) par Claudia Gacek : "Légende de Mamao"

 

 Cliquez ici =>    pour lire ou laisser un commentaire 


Dernière date de mise à jour de cette page : le lundi 10 octobre 2016